Discontinue

“A l’automne 2006, j’ai vu apparaître sur les boites bleues des Polaroid 665 une étiquette jaune. En cinq langues, elle annonçait la mort prochaine de ce film.(…)
Dans l’industrie, on ne dit jamais qu’un produit est arrêté, on dit qu’il est « discontinué ». Un aveugle est un non-voyant, un sourd est un mal-entendant, un film photo qui meurt est un produit « discontinué ».(…)
Quand la fin du film 665 fut annoncée, j’ai décidé de photographier en avec ce compte à rebours en tête : plus que 10 packs (chacun contient 10 vues), plus que 7 packs, 5, 4, 3, 2, 1,… Fini !
Il s’agissait d’une nouvelle sensation à l’heure du numérique où justement tout paraît infini, gratuit, léger, volatile, je me retrouvais dans une économie restreinte, avec la nécessité de penser chaque vue.”
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- de Jean-Christophe Béchet