Weegee

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Weegee (pseudonyme de Arthur Fellig, né Usher Fellig, 12 juin 1899 26 décembre 1968) est un photographe américain rendu célèbre par ses photographies en noir et blanc de la vie nocturne, notamment dans sa ville de prédilection, New York. Sur le dos de ses photographies, Arthur Fellig notait « Credit Photo by Weegee the Famous ». Ce pseudonyme est aujourd’hui le nom professionnel sous lequel Arthur Fellig est le plus connu.

Aux Etats-Unis, il y a belle lurette que Weegee, l’arpenteur sulfureux des sombres années de la Dépression, a été rangé parmi les classiques. Pourtant, c’est la première fois que le photographe américain (1899-1968) bénéficie en France d’une exposition d’importance. Et encore, pas dans une institution publique. C’est le Musée Maillol, à Paris, qui lui rend justice avec des photos issues de la collection Berinson : le lieu est certes étroit mais fait honneur à l’artiste avec 228 beaux tirages d’époque, tirés par Weegee, centrés sur ses photoreportages des années 1935-1945.

En 1918, il obtient, après maintes tentatives, un emploi dans un studio photographique (Ducket & Adler) oû il apprend les techniques du développement de négatif et passe son temps dans une chambre noire. En 1923, alors âgé de 24 ans, il est embauché à l’agence Acme Newspictures comme opérateur de chambre noire. Cette agence fonctionne tel un stock de photographies pour la presse quotidienne de nombreux Etats américains. Il travaille, dès lors, au développement des négatifs de nombreux photographes et, en cas d’urgence ou d’indisponibilité, les remplace en couvrant les évènements urbains de New York. Après quelques années, l’agence lui propose de se convertir à temps plein au métier de photographe. Toutefois, Weegee n’apprécie guère que ses photographies deviennent la propriété de Acme, son nom n’apparaissant même pas sur leur dos. Son surnom viendrait de cette époque et est une référence au jeu spirituel Ouija consistant à communiquer avec les esprits. En effet, le personnel féminin d’Acme l’affuble de ce surnom parce qu’il donne l’impression de savoir à l’avance, oû les évènements vont se dérouler.

En 1935, il devient photographe indépendant et oeuvre en tant que photo-reporter free lance pour la presse américaine. Il s’agit d’une période particulière aux États-Unis oû la presse demande plus qu’une démarche documentaire de la part des photographes, le photojournalisme doit, en effet, rendre compte d’une certaine réalité de la société américaine au plus près des évènements, des plus médiatiques aux plus prosaïques. Cette tribune journalistique pour les travaux photographiques démystifient la vie américaine en faisant des instantanés de différents lieux et milieux culturels (vie nocturne, meeting politique, milieu populaire, etc.). Ce marché participe de l’émancipation de la figure professionnelle et indépendante des photographes, et de leurs liens de plus en plus prononcés avec le journalisme. Weegee a pour terrain d’investigation la ville de New York en s’intéressant plus particulièrement à la vie nocturne (cabaret, restaurant, refuge de nuit, Metropolitan Opera) et à ses évènements les plus noirs (crimes, accidents, noyades, incendies,etc.). Weegee définit sa démarche consistant à « montrer combien, dans une ville de dix millions d’habitants, les gens vivent en complète solitude ».

Dans un premier temps, il commence ses sorties nocturnes vers minuit en se rendant au commissariat de Manhattan. Il attend que les nouvelles tombent sur les transcripteurs de la police pour se rendre sur les lieux des évènements à photographier. Réduit à arriver trop tard et à ne pas photographier ce qu’il souhaite capturer de la scène, Weegee se paye une voiture (Chevrolet Chevy Coupe), une radio portative et une carte de presse afin de mettre à profit ses relations avec les policiers et gagner en autonomie.

En 1938, « Weegee the Famous » est, en effet, le premier et seul photographe à avoir le privilège d’être branché sur la radio de la police[1]. Ce dispositif lui permet d’arriver sur les lieux de crimes, d’accidents, d’incendies, de suicides, en même temps que les policiers, voire avant eux. Ses flashs crépitants rendent compte de ses scènes encore chaudes oû les traces laissées ne sont pas nettoyées et rendues à une certaine normalité de la vie quotidienne par le travail des policiers ; le sang s’écoule sur la chaussée, les armes du crime jonchent le sol, la fumée envahit l’atmosphère des rues, les volants sont encore dans les mains des victimes d’accident, les chaussures encore sous les roues, les chocs émotionnels sont imprimés sur les photographies.

Pour 5 dollars l’épreuve, Weegee passe ses nuits dans sa voiture et dort n’importe oû pour être réactif aux évènements. L’aménagement de sa voiture est fortement étudié. Elle est composée d’un laboratoire photographique dans le coffre, de nombreux appareils photographiques préchargés en plaques, ainsi qu’un stock d’ampoules de flash et une machine à écrire pour signer ses photos. Afin de tenir le rythme effréné de la nuit, il a également du salami, une boîte remplie de cigares et un costume de rechange. Weegee s’habille avec des vêtements amples comportant de nombreuses poches à fermeture éclair pour avoir l’essentiel de son matériel sur soi et éviter d’égarer les divers composants de son appareil. Weegee considére sa voiture et tout ce qui compose son matériel professionnel comme ses « ailes ». Au niveau de son matériel, Weegee fait preuve d’une grande fidélité. Il utilise un Speed Graphic 4x5 avec un ouverture à f/16, à 1/200e par seconde et une focale à 10 pieds (3,05 mètres). Toutes ses photographies ont été réalisées avec cette configuration accompagnée d’un flash.

Sa nuit se termine généralement lorsque, une fois ses plaques développées, il se rend aux différentes rédactions des journaux avant six heures du matin, afin que ses tirages soient dans les premières éditions de la journée. Cette manière de travailler lui confère une certaine liberté et autonomie dans le choix de ses photographies et sujets de reportage. Ses principaux clients sont, entre autres, Herald Tribune, The Daily Mirror, New York Daily News, Life, Vogue, Sun. Grâce à cette autonomie, Weegee a contribué à éclairer une facette des plus méconnues de la société américaine durant la Grande Dépression de l’entre-deux Guerres mondiales. New York se peuple de plus en plus, l’été est chaud, l’hiver est froid, l’emploi manque et le crime augmente. Ces grandes lignes ne sont pas une réécriture de l’histoire des États-Unis, mais les thèmes éclairés par les travaux de Weegee. Se prenant d’affection pour les déshérités et les clochards s’aménageant des refuges de misère et vivant dans des taudis, Weegee aime à dire qu’il n’a aucune inhibition, pas plus que son appareil.

Weegee ne croît qu’en l’instantané et à l’enregistrement des scènes dramatiques encore chaudes de la vie quotidienne. Il photographie aussi bien les victimes, les coupables, les policiers, les témoins et passants, recréant ainsi une fresque autour de scènes quotidiennes émaillant le caractère lissé du rêve américain. Cette lecture de l’oeuvre de Weegee n’est pas à contre-courant des travaux photographiques de l’époque. Au contraire, il participe de cette naissance d’un photojournalisme qui se donne pour objectif d’être au plus près de la réalité et met tout en oeuvre pour remplir sa mission. Alors que d’autres photographes sont subventionnés par des programmes nationaux visant à recenser visuellement les conditions de vie des américains (campagnes désertifiées, travailleurs d’usines, etc.), Weegee privilégie une autonomie qui lui laisse choisir ses sujets photographiques recevant un fort écho médiatique auprès des rédactions des journaux.

Au cours de sa carrière, Weegee est devenu un personnage ambigu, aux diverses personnalités et souvent critiqué par certains comme étant un voyeur qui photographie le malheur de ses concitoyens. Pour preuve de cette ambiguïté, certains le considère comme l’un des précurseurs des photographies à sensation des tabloïds, alors qu’il reçoit, en parallèle, la reconnaissance artistique de son travail par des institutions officielles (Museum of Modern Art de New York en 1943). L’ambiguïté tient également à la place que donne Weegee à la mort, ses alentours, conditions et effets, comme l’atteste l’une des premières expositions de ses photographies, organisée par la Photo League locale en 1941, Murder is my Business.

Weegee
de Weegee
Weegee de Weegee, Fondation Dina Vierny
Détails

Langue : Français
Éditeur : Gallimard
Date de Publication : Juin 2007
Type Reliure : Broché
Pages : 223
ISBN 10 : 2070785076
ISBN 13 : 978-2070785070

 

     

Weegee

Weegee

Collection : Beaux Livres

Titre:  Weegee

Langue : Français
Éditeur : Gallimard
Date de Publication : Juin 2007
Type Reliure : Broché
Pages : 223
ISBN 10 : 2070785076
ISBN 13 : 978-2070785070

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